Un permis délivré pour le réaménagement de la Toison d’Or – Boulevard de Waterloo 

  • Habiter XL+
September 7, 2022

Un permis délivré pour le réaménagement de la Toison d’Or – Boulevard de Waterloo 

Il s’agit d’un vieux dossier hautement stratégique pour l’avenir du Haut de la Ville : après des années de travail, de procédures et d’attente, le projet de réaménagement de la Petite Ceinture entre les portes Louise et de Namur, va (enfin) voir le jour.

Pour rappel, les objectifs de ce réaménagement complet étaient de renforcer la qualité paysagère, améliorer les connexions entre la ville et le haut d’Ixelles, boucler les infrastructures cyclables de la Petite Ceinture et améliorer les conditions de chalandise du premier pôle commercial du pays. Après de nombreuses tergiversations et beaucoup de temps passé, la Région a finalement tranché : le projet sera réalisé d’ici 2026, pour un coût total de 16 millions d’euros !

© Cabinet du Secrétaire d’Etat à l’Urbanisme

Si on peut se réjouir de l’amélioration des flux piétons et cyclistes et de la disparition du vaste parking à ciel ouvert, nous sommes surpris que ni la Porte de Namur, ni la Porte Louise n’aient été intégrés dans le projet, créant de facto deux ruptures dans les maillages piétons et cyclistes, là même où la situation est la plus dangereuse.

Par ailleurs, en tant qu’association qui s’engage et qui milite pour un cadre de vie sain et durable pour tous, Habitat & Rénovation a certaines critiques à faire :

  • Ce projet ne remet pas en question la place des autoroutes urbaines (ici exprimé par les tunnels et trémies) en plein centre-ville. Il semble qu’à l’heure de l’urgence climatique et de l’envolée des prix de l’énergie, un tel modèle ne devrait plus avoir sa place en cœur de ville. Ce projet fige pour encore 30 ans supplémentaires la vocation d’autoroute infranchissable de la Petite Ceinture, ce sursis étant en complet décalage avec les enjeux sociétaux actuels et à venir.
  • Ce projet a une expression paysagère regrettable. On retrouve une berme centrales autoroutière pour séparer les voies de circulation de surface, et l’ensemble est recouvert d’une « mer » minérale, avec seulement 48 arbres plantés sur une surface réaménagée totale de plus de 3 ha. Les épisodes d’inondation ou de canicule et sécheresse extrême de ces dernières années ne semblent jamais avoir existé.
  • La programmation même de ce projet est questionnant : ce projet se limite à offrir une belle galerie commerçante à ciel ouvert au haut de la ville. Pas une seule aire de jeux, de détente ou de rencontre n’est proposée aux portes d’un des quartiers les plus denses de la capitale qui est en grand déficit d’espaces publics (cf. diagnostic du Contrat de Quartier Durable Athénée adjacent). C’est donc un projet à destination de riches chalands (souvent venant hors de Bruxelles), qui, et cela a été exprimé très clairement par les commerçants, ne sauraient souffrir la présence d’une population « indésirable » (sic), à savoir, les habitants d’Ixelles nord.

En conclusion, des projets d’ampleur tels que celui-ci se doivent d’être visionnaires, inclusifs et durables. Ils doivent absolument anticiper la façon dont on vivra en ville dans les prochaines décennies. Ce projet-ci, qui verra le jour en 2026 en mobilisant un budget considérable, ne parvient malheureusement déjà pas à répondre aux besoins de la ville de 2022, comment pourrait-il être à la hauteur des défis colossaux auxquels nous devront faire face ?