Etterbeek : travail de mémoire sur la colonisation et féminisation des noms de rue

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July 1, 2020

Etterbeek : travail de mémoire sur la colonisation et féminisation des noms de rue

Depuis la mort de George Floyd aux Etats-Unis, la question du racisme de nos sociétés revient au-devant de la scène partout dans le monde pour dénoncer un racisme malheureusement toujours bien présent, parfois de façon insidieuse et discrète, parfois de façon tout à fait décomplexée. Une partie importante de notre population ne veut plus vivre dans un pays qui glorifie son passé colonial, symbole de la suprématie blanche par excellence, et de nombreuses voix s’élèvent pour inciter l’état belge à présenter des excuses nationales au nom des dirigeants, entreprises, ordres religieux et institutions financières, qui ont pris part activement à la colonisation, se rendant ainsi complices des nombreux crimes qui ont été commis durant cette période.

Les nombreux actes de vandalisme réalisés récemment sur les plaques de rue ou les statues glorifiant les acteurs du colonialisme, expriment clairement un malaise qui doit être entendu, et qui doit déboucher sur des actes concrets permettant à la société d’entamer un réel travail de mémoire sur l’histoire coloniale belge. Et cette évolution doit aussi s’exprimer dans notre rapport à l’espace public qui aujourd’hui encore fait l’apologie de notre “riche passé colonial”.

Est-il préférable d’enlever toutes les statues représentant Léopold II ou vaut-il mieux les faire dialoguer avec de nouveaux monuments à la gloire des opprimés ou des résistants ? Est-il préférable de changer les noms de rue portant des noms d’acteurs de la colonisation ou faudrait-il rajouter des panneaux qui contextualisent ces personnages ?

En attendant des mesures concrètes et plus définitives qui doivent être débattues et mûrement pesées, la Commune d’Etterbeek, où de nombreux noms de rues sont à la gloire du colonialisme, effectue un travail de sensibilisation sur notre histoire coloniale dans nos espaces publics : à côté des plaques de rues portant des noms de colonialistes, sont appliquées 11 plaques de rue honorant des femmes qui ont fait avancer la lutte en faveur des droits humains et de l’émancipation des femmes, telles Rosa Parks qui s’est battue contre la ségrégation aux Etats-Unis ou Marie Muilu Kiawanga qui a résisté à l’occupation belge du Congo. Ces plaques sont facilement reconnaissables à la mention “Women’s Rights”.

Bravo à cette heureuse initiative qui non seulement participe à la féminisation de l’espace public (autre enjeu important), mais permet également de découvrir des héroïnes du monde entier qui se sont battues pour un monde plus juste et plus égalitaire.

Plus d’info : A partir du mois de septembre, des balades à vocation pédagogique seront organisées dans ces rues pour les écoles et le public. En attendant, détails sur ces 11 femmes illustres ;
Cartographie : Empreintes du Congo belge dans l’espace public bruxellois.