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Confinement, locataires en détresse
Comme nous vous les relayions dans notre article du mois dernier “Confinement et mal logement“, nous ne sommes pas tous égaux face à la crise sanitaire actuelle, et au confinement qu’elle nous impose. Certains locataires à revenus modestes sont sous tension. Ceux qui peinaient déjà à joindre les deux bouts, n’ont désormais plus de quoi payer leur loyer.
Le Gouvernement bruxellois a décidé de leur venir en aide au travers d’une prime unique de 215 euros… Si la réaction politique est à saluer, elle est insuffisante pour faire face au désastre social qui arrive.
Selon le Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat (RBDH) auquel Habitat & Rénovation participe, cette prime est insuffisante car ce forfait reste totalement déconnecté des réalités budgétaires des ménages bruxellois : 215 euros quel que soit le loyer à honorer, la hauteur de la perte de revenu, la durée de celle-ci… On sait qu’une partie des locataires bénéficie du chômage temporaire (revenu garanti à 70 %) ce qui les préserve un peu, mais d’autres travailleurs plus précaires, eux, n’ont droit à rien et ont perdu toute source de revenus.
Le RBDH demande, par le biais de sa carte blanche “Confinement. Locataires en détresse : faire plus, plus vite !“, que les plafonds de la prime soient augmentés et que les montants soient proportionnés aux loyers et aux pertes de revenus. Craignant que les délais d’obtention de cette prime ne satisfassent pas les nombreux locataires qui ne peuvent pas attendre, il demande au Gouvernement d’autoriser les locataires à réduire leur loyer dès à présent, en proportion des pertes de revenus subies et cela, tant que l’obligation de rester chez soi n’est pas levée, la prime compensant après coup les impayés. Il propose également une solution pour financer cette prime.
Par ailleurs, le Gouvernement a pris une autre mesure pour éviter que des locataires ne se retrouvent à la rue en ces temps de crise sanitaire : un moratoire sur toutes les expulsions physiques jusqu’au 3 mai. Il a également été décidé de soutenir les locataires en fin de bail en suspendant la période de préavis pendant toute la durée des mesures de maintien au domicile.
Ces deux mesures étaient nécessaires, compte tenu de la quasi impossibilité de recherche de logement ou de déménagement pendant la durée du confinement. Mais elles devraient toutes deux prendre fin avec le déconfinement. Le Gouvernement vient d’approuver le prolongement de la première mesure concernant le moratoire sur les expulsions 30 juin prochain (cf. Le Soir : “Coronavirus : le Moratoire sur les expulsions domiciliaires est prolongé jusqu’au 30 juin à Bruxelles“) et étudie la possibilité d’étendre la deuxième.
Selon notre secteur “logement”, ce serait essentiel au vu du déconfinement progressif (et de la reprise progressive des activités, et donc des revenus), et de l’engorgement des services d’aide au logement comme le Conseil Logement d’Habitat & Rénovation par exemple, et des visites de logements – et donc d’une concurrence encore plus sévère pour les locataires à la recherche d’un logement abordable. Pour les locataires modestes, cette recherche était déjà particulièrement longue et pénible avant la crise sanitaire et les mesures de confinement ; elle risque de l’être encore plus ensuite.
Ces mesures d’urgence ne doivent pas nous faire perdre de vue l’essentiel. Les inégalités de logement étaient là, ancrées, insidieuses, bien avant la crise du coronavirus qui a joué un rôle d’amplificateur. Profitons du moment pour les combattre radicalement : refusons la marchandisation du logement, refusons l’insalubrité, les loyers arbitraires et abusifs !
Plus d’info : RBDH et carte blanche parue dans Alter Echos ;
Accompagnement : Conseil Logement d’Habitat & Rénovation – 02/639 60 11 ou 02/639 60 14 – logement@habitatetrenovation.be.